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croire qu’elle pourra souffrir également dans une autre vie ; conséquemment, l’autre monde ne vaut pas mieux que celui-ci. Ne désirons donc point survivre à nos cendres ; mourons tout entiers, de peur de souffrir ailleurs. Cette vie-ci doit corriger de la manie d’être ». Enfin, en regard de ce texte : « Dieu, répondez-vous, vous a fait libre. Ce n’est pas là la question. A-t-il prévu que je tomberais, que je serais à jamais malheureux ? Oui, indubitablement. Eh bien, votre Dieu n’est plus qu’un tyran horrible et absurde », il écrit : « Cette objection est insoluble et renverse de fond en comble le système chrétien. Au reste, personne n’y croit plus. »

Bref, il nie le Dieu-Providence, l’immortalité de l’âme et le christianisme lui-même. Et ailleurs, non plus dans les notes de l’« exemplaire confidentiel », mais dans le livre imprimé, il se demande : « Quelle sera la religion qui remplacera le christianisme ? » Il avoue qu’il n’en sait rien. S’élèvera-t-il un homme qui se mettra à prêcher un culte nouveau ? Mais les nations seront trop indifférentes en matière religieuse et trop corrompues. « La religion nouvelle mourra dans le mépris. » Ou bien, « ne serait-il pas possible que les peuples atteignissent à un degré de lumière et de connaissances morales suffisant pour n’avoir plus besoin de culte ? » Mais non. Le plus probable est que les nations « retourneront tour à tour dans la barbarie… » jusqu’à ce qu’elles en émergent de nouveau, « et ainsi de suite dans une révolution sans terme ».

Et