En 1796-97, l’espèce humaine lui fait horreur ; il déborde d’amertume et de fiel. À propos de Denys de Syracuse :
Toujours bas, nous rampons sous les princes dans leur gloire et nous leur crachons au visage lorsqu’ils sont tombés… Qu’eût dû faire Denys dans ses revers ? Il eût dû se retirer dans quelque lieu sauvage pour gémir sur ses fautes passées et surtout pour cacher ses pleurs ; ou plutôt il pouvait, comme les anciens, se coucher et mourir. Un homme n’est jamais très à plaindre lorsqu’il a le droguiste ou le marchand de poignards à sa porte, et qu’il lui reste quelques mines.
L’étrange garçon ! Après ce chapitre sur Denys de Syracuse, après une longue énumération de tous les princes fugitifs, depuis Thésée jusqu’aux Bourbons, il s’arrête comme n’en pouvant plus, et il écrit une méditation qu’il dédie « aux infortunés ».
Il cherche quelles doivent être les règles de conduite dans le malheur. La première règle est de cacher ses pleurs. Car le misérable n’est qu’un objet de curiosité ou un objet d’ennui. La seconde règle, qui découle de la première, « consiste à s’isoler entièrement. Il faut éviter la société lorsqu’on souffre, parce qu’elle est l’ennemie naturelle des malheureux ; sa maxime est : l’infortuné coupable. Je suis si convaincu de cette vérité sociale, que je ne passe guère dans les rues sans baisser la tête. » Troisième règle : « Fierté intraitable. L’orgueil est la vertu du malheur… On se familiarise aisément avec le malheureux ; et il se