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prouve rien, sinon que les passions des hommes sont toujours à peu près les mêmes, ce que l’on savait.
Cela nous mène à la fin du premier volume de la réédition de 1826. Dans un dernier chapitre que Chateaubriand, trente ans après l’avoir écrit, appelle « une sorte d’orgie noire d’un cœur blessé et d’un esprit malade », il se soulage et dit tout. À quoi ont servi ces révolutions dont il vient de retracer l’histoire ? « Est-il une liberté civile ? J’en doute. Les Grecs furent-ils plus heureux, furent-ils meilleurs après leur révolution ? Non. » Puis il médite :
Malgré mille efforts pour pénétrer dans les causes des troubles des États, on sent quelque chose qui échappe ; un je ne sais quoi, caché je ne sais où, et ce je ne sais quoi paraît être la raison efficiente de toutes les révolutions… Ce principe inconnu ne naît-il point de cette vague inquiétude, particulière à notre cœur, qui nous fait nous dégoûter également du bonheur et du malheur, et nous précipitera de révolution en révolution jusqu’au dernier siècle ? Et cette inquiétude, d’où vient-elle à son tour ? Je n’en sais rien ; peut-être de la conscience d’une autre vie ; peut-être d’une aspiration secrète vers la divinité. Quelle que soit son origine, elle existe chez tous les peuples. On la rencontre chez le sauvage et dans nos sociétés. Elle s’augmente surtout par les mauvaises mœurs et bouleverse les empires.
Il en trouve, dit-il, une preuve bien frappante dans les causes de notre révolution. La révolution était inévitable,