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salut public » avait pu conserver la France pour le roi. Il disait : « Qu’on y réfléchisse bien, on verra que, le mouvement révolutionnaire une fois établi, la France et la monarchie ne pouvaient être sauvées que par le jacobinisme. » Et encore : « Lorsque d’aveugles factieux décrètent l’indivisibilité de la République, ne voyez que la Providence qui décrète celle du royaume. »

Joseph de Maistre introduit ici une pensée qui n’est point dans Chateaubriand : il voit dans les jacobins les instruments d’une puissance qui en savait plus qu’eux. Et, d’autre part, cette interprétation du rôle des jacobins ne l’empêche point de voir et de définir avec une sagacité aiguë l’erreur fondamentale de la Révolution. N’importe : les victoires révolutionnaires l’ont presque autant ébloui que le chevalier de Chateaubriand.

Les victoires révolutionnaires ont réjoui même les émigrés. Plus tard, elles couvriront et feront bénéficier de leur prestige l’histoire même intérieure de la Révolution ; elles détourneront l’attention de ses crimes et de la malfaisance de ses principes et assureront et prolongeront jusqu’à nous sa légende. Chateaubriand flétrira tant qu’on voudra les atrocités de la Terreur : jamais, et non pas même quand il servira le roi, il ne détestera la Révolution, ni même ne se déprendra de ses dogmes.

En continuant à feuilleter l’Essai, nous arrivons à un parallèle du « siècle de Solon » et du dix-