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DEUXIÈME CONFÉRENCE

L’ESSAI SUR LES RÉVOLUTIONS


Je continuerai à vous parler librement de Chateaubriand (en me servant, d’ailleurs, de Chateaubriand lui-même). Joubert écrivait, un jour, à Molé : « Il y a un point essentiel, et dont il faut, préalablement, convenir entre nous : c’est que nous l’aimerons toujours, coupable ou non coupable ; que, dans le premier cas, nous le défendrons ; dans le second, nous le consolerons. Cela posé, jugeons-le sans miséricorde, et parlons-en sans retenue. »

Puisqu’il est bien convenu que nous l’aimons, nous aussi, j’accepte le pacte proposé par Joubert. Car enfin, est-ce pour ses vertus que nous l’aimons ? Un peu, car il en a ; mais c’est beaucoup plus pour certains de ses défauts, ou plutôt pour les causes profondes dont ils sont les effets ; pour sa puissance de désir et de dégoût ; pour son imagination,