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communique au langage, aux mots, une couleur de sensualité, un goût de chair. » Maurras analyse et justifie très fortement et subtilement cette impression. Il ajoute : « Chateaubriand tient moins à ce qu’il dit qu’à l’enveloppe émouvante, sonore et pittoresque de ce qu’il dit. » Je vous renvoie à ces pages (Trois Idées politiques), et vous prie de lire aussi vingt pages fort belles de Pierre Lasserre sur la sensibilité de Chateaubriand. (Le Romantisme français.)

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Mais vous sentez bien que je retarde le plus possible le moment de conclure. Car, que vous dirais-je que vous ne sachiez ?

Vous rappellerai-je son influence sur tout le dix-neuvième siècle ? Sans doute il a lui-même profité de tout le dix-huitième ; même en amour, dans sa façon d’aimer et dans sa préoccupation de l’effet qu’il produit, il a souvent été comme un Valmont sublime ; il a subi profondément l’influence de Rousseau (et je crois, celle de la poésie anglaise, dans une mesure qu’il m’est difficile de déterminer) : mais presque toute la littérature du dix-neuvième siècle a subi l’influence de Chateaubriand. Faguet, vous vous en souvenez, dit qu’il a renouvelé notre imagination. Gautier l’appelait le sachem du romantisme. Tout dernièrement, M. Victor Giraud, dans l’Introduction aux Pages choisies de Chateaubriand, a montré, avec une brièveté précise, et qui, je crois, n’oublie rien d’essentiel, ce que