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ses Mémoires. Il y ajoute ce commentaire : « Tous les pusillanimes et les ambitieux qui m’avaient cru perdu commençaient à me voir sortir radieux des tourbillons de poussière de la lice : c’était ma seconde guerre d’Espagne » (il parle de sa campagne aux Débats). « Je triomphai de tous les partis intérieurs comme j’avais triomphé au dehors des ennemis de la France. »

Après le départ du ministère Villèle, le roi se délivre de Chateaubriand en l’envoyant à Rome comme ambassadeur. Chateaubriand le comprend très bien : « Il se peut qu’il fût utile à mon pays d’être débarrassé de moi : par le poids dont je me suis, je devine le fardeau que je dois être pour les autres. » À Rome, il a le plaisir d’assister à la mort de Léon XII et au conclave qui élit Pie VIII. Il écrit des phrases comme celle-ci : « Un pape qui entrerait dans l’esprit du siècle et qui se placerait à la tête des générations éclairées pourrait rajeunir la papauté : mais ces idées ne peuvent point pénétrer dans les vieilles têtes du sacré Collège. »

Au moment du ministère Polignac, il donne sans hésiter sa démission d’ambassadeur. C’est une chose qu’il fait très bien. C’est, en politique, celle qu’il fait le mieux. Il y a parfois du mérite. Il nous l’explique lui-même : « Les chutes me sont des ruines, car je ne possède que des dettes, dettes que je contracte dans des places où je ne demeure pas assez de temps pour les payer ; de sorte que, toutes les fois que je me retire, je suis réduit à travailler