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surnommée « de conscience » est impuissante. Et là-dessus il a raison.

Il dit dans la préface de la Monarchie selon la Charte (édition de 1827) : « En me frappant, on n’a frappé qu’un dévoué serviteur du roi, et l’ingratitude est à l’aise avec la fidélité ; toutefois il peut y avoir tels hommes moins soumis et telles circonstances dont il ne serait pas bon d’abuser ; l’histoire le prouve. Je ne suis ni le prince Eugène, ni Voltaire, ni Mirabeau, et, quand je possèderais leur puissance, j’aurais horreur de les imiter dans leur ressentiment. Mais… »

Mais il fait comme eux. Il se venge. Il a les fureurs de Coriolan. Je pense que, par ses articles des Débats, il contribua à la chute de la Restauration plus qu’il n’avait contribué à la guerre d’Espagne. Il assiste au sacre de Charles X avec un dur dédain. Lui qui avait écrit en 1820 : « Il s’élève derrière nous une génération impatiente de tous les jougs, ennemie de tous les rois ; elle rêve la république et est incapable par ses mœurs des vertus républicaines ; elle s’avance, elle nous presse, elle nous pousse… », ce n’est plus qu’à cette génération qu’il cherche à plaire. Il ne cesse de répéter qu’après tout il ne tient pas à la monarchie, ni de faire entendre que son salut au roi n’est qu’un geste généreux, un geste avantageux, un salut de théâtre. Étant illustre, il devient facilement populaire. Il reçoit des lettres de compliments qu’il conserve avec soin et qu’il produit dans