Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’être mangé par un requin en se baignant dans la mer. Il débarque à Baltimore, va en voiture à Philadelphie où il est reçu par Washington.

Je dois dire qu’il a beau, dans ses Mémoires, fortifier cette entrevue d’un parallèle oratoire entre Washington et Bonaparte, elle est plus comique que grandiose…

Il nous dit fièrement : « Je n’étais pas ému… Visage d’homme ne me troublera jamais. » Allons, tant mieux. Une petite servante l’introduit. Washington est de grande taille, « d’un air calme et froid plutôt que noble ». Le jeune chevalier de Chateaubriand lui explique tant bien que mal le motif de son voyage. « Il m’écoutait avec une sorte d’étonnement. » (Vous verrez qu’il y avait de quoi.) « Je m’en aperçus, et je lui dis avec un peu de vivacité : Mais il est moins difficile de découvrir le passage du nord-ouest que de créer un peuple comme vous l’avez fait. — Well, well, young man ! Bien, bien, jeune homme ! s’écria-t-il en me tendant la main. »

Qu’est-ce que le chevalier avait donc raconté à Washington ? Et que voulait-il au juste ? Voici (et c’est le fameux plan arrêté avec M. de Malesherbes, qui, à ce qu’il me semble, « en avait de bonnes ») : « Je voulais, dit-il, marcher à l’ouest » (en partant de Baltimore) « de manière à intersecter la côte nord-ouest au-dessus du golfe de Californie » (c’est-à-dire traverser l’Amérique du Nord dans sa plus grande largeur, et la plupart