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cru indispensable de ménager et même d’employer Fouché et Talleyrand :

 Tout à coup (dit Chateaubriand, Mémoires, t. IV, p. 57), une
 porte s’ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras
 du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la
 vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans
 le cabinet du roi et disparaît… Le lendemain, le faubourg
 Saint-Germain arriva : tout se mêlait de la nomination de Fouché
 déjà obtenue, la religion comme l’impiété, la vertu comme le
 vice, le royaliste comme le révolutionnaire, l’étranger comme
 le Français ; on criait de toutes parts : « Sans Fouché point
 de sûreté pour le roi, sans Fouché point de salut pour la
 France. »

Il est vrai que ce même Fouché, dont il dit ailleurs : « Ce qu’il y avait de mieux en lui, c’était la mort de Louis XVI : le régicide était son innocence », il l’avait appelé en novembre 1808, dans un billet à madame de Custine, « un homme divin », parce que Fouché facilitait alors la publication des Martyrs. Il était d’ailleurs difficile d’être implacable pour l’ancien personnel jacobin et impérialiste, alors que le roi de France ramenait nécessairement avec lui un de ses parents, le duc d’Orléans, fils de régicide.

Mais Chateaubriand exigeait de tous les gouvernants, et même de tous les fonctionnaires, des mains pures. Il disait dans la Monarchie selon la Charte :

 Qu’on ne mette plus les honnêtes gens dans la dépendance des
 hommes qui les ont opprimés, mais qu’on donne