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les hommes de conscience. » La liberté ? il aura continuellement ce mot sous sa plume : mais jamais il ne le définira. On voit finalement qu’il ne songe qu’à la liberté de la presse, c’est-à-dire à celle dont se soucie le moins l’immense majorité des hommes, mais qui lui importe le plus à lui, Chateaubriand. (On a pourtant l’impression qu’il était facile à la Restauration, venant après le despotisme de l’Empire, de paraître donner assez de liberté.)

Dans la Monarchie selon la Charte, autant il est libéral quant aux idées, autant il est intransigeant sur les hommes. On dirait que son rêve est de faire appliquer les idées de la Révolution par un personnel royaliste. Cela souffrait quelques difficultés.

Il est clair que la Restauration ne pouvait vivre qu’en se montrant coulante sur les personnes. La Restauration était nécessaire, mais elle n’avait pas été souhaitée. Nous avons vu qu’on ne connaissait plus guère les Bourbons. Chateaubriand lui-même nous dit : « J’appris à la France ce que c’était que l’ancienne famille royale ; je dis combien il existait de membres de cette famille, quels étaient leurs noms et leurs caractères : c’était comme si j’avais fait le dénombrement des enfants de l’empereur de Chine, tant la République et l’Empire avaient envahi le présent et relégué les Bourbons dans le passé. » Les royalistes de la veille étaient une assez petite minorité. On ne pouvait remplacer tous les fonctionnaires, presque tous