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n’eût dit la phrase. — Sans doute, la France était lasse de l’empereur : mais évidemment beaucoup d’officiers (et de fonctionnaires) ne tenaient pas à s’entendre dire que, pendant quinze ans, ils avaient servi un monstre et un scélérat, d’ailleurs d’un talent médiocre. Bien des choses, dans le pamphlet, risquaient d’offenser l’armée, sur laquelle Louis XVIII aurait dû surtout s’appuyer. Il n’est pas sûr que ces pages aient profité tant que cela à la cause royale.

Après avoir rapporté la phrase, peut-être apocryphe, en tout cas plus complaisante que sincère, de Louis XVIII, Chateaubriand dit encore : « Le roi aurait pu ajouter que ma brochure avait été pour lui un certificat de vie, car on ne savait plus seulement qu’il existait. »

Or Chateaubriand espérait tout d’un roi dont il avait révélé l’existence et dont il avait « stylisé », comme on a vu, le profil lourd, le ventre et les jambes enflées. Il comptait être tout, et immédiatement. Il se croyait l’homme nécessaire. Il s’étonne donc qu’on ne vienne pas à lui ou qu’on y vienne mollement. Mais, qu’il fût un grand écrivain, cela ne touchait pas beaucoup Louis XVIII. Sans compter que le roi n’était pas, lui, de la même école. Il faisait des petits vers, et devait traduire Horace. Il devait être, sur Chateaubriand écrivain, de l’avis des Ginguené et des Morellet. Chateaubriand croit que Louis XVIII est littérairement jaloux de lui. Il est piqué que Monsieur (