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soupçonné d’exagération, reste frappant. On peut croire que, par suite des immenses coups de faux du premier Empire à travers les générations jeunes et vigoureuses, la France ressent, aujourd’hui encore, une diminution de force.

Ceci encore ne paraît point négligeable. À propos du blocus continental : « C’était prendre l’engagement de conquérir le monde… Tout cela n’offre que vues fausses, qu’entreprises petites à force d’être gigantesques, défaut de raison et de bon sens, rêves d’un fou et d’un furieux. Quant à ses guerres…, le moindre examen en détruit le prestige. Un homme n’est pas grand par ce qu’il entreprend, mais par ce qu’il exécute. Tout homme peut rêver la conquête du monde. » Et voici qui est fort bon (sur le premier consul) : « Les républicains regardaient Buonaparte comme leur ouvrage et comme le chef populaire d’un État libre. Les royalistes croyaient qu’il jouait le rôle de Monck et s’empressaient de le servir. Tout le monde espérait en lui. Des victoires éclatantes dues à la bravoure des Français l’environnaient de gloire. » Et ceci : « L’imagination le domine, et la raison ne le règle point… Il a quelque chose de l’histrion et du comédien ; il joue tout, jusqu’aux passions qu’il n’a pas », etc. Et ceci enfin, qui mérite d’être médité :

… Il n’est que le fils de notre puissance, et nous l’avons cru
 le fils de ses œuvres. Sa grandeur n’est venue que des forces
 immenses que nous lui remîmes entre