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ce sont des petits sauvages blancs. Il trouvera mieux avec les Iroquois et les Muscogulges. Car, à cette heure-là, il a toutes les illusions de son temps. « La révolution, dit-il, marchait à grands pas : les principes sur lesquels elle se fondait étaient les miens ; mais je détestais les violences », etc… Il était alors incroyant : « De chrétien zélé que j’avais été, j’étais devenu un esprit fort, c’est-à-dire un esprit faible. Ce changement dans mes opinions religieuses s’était opéré par la lecture des livres philosophiques. »

C’est donc un disciple et un admirateur de Rousseau et de Bernardin qui part pour l’Amérique. C’est un fils de marin, qui rêve voyages de découvertes. Et c’est aussi un jeune homme triste et singulier, qui porte au fond de son cœur, comme il dit, « un désespoir sans cause ».

Et voici une hypothèse complémentaire (elles sont toutes permises, puisque, sur sa jeunesse, nous ne savons rien que par lui). En 1790, il mène une vie fort dissipée. Les deux premières lettres que nous ayons de lui (au chevalier de Châtenet) sont d’un très mauvais ton. Ce Châtenet voudrait épouser Lucile. Le chevalier de Chateaubriand lui écrit : «… J’ai rempli tous mes engagements auprès de ma sœur. Elle t’attend de pied ferme pour continuer le roman. » Et plus loin : « Ménage-la, si tu la séduis, mon cher Châtenet ; songe que c’est une vierge. » — Et, dans la deuxième lettre au