Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

les monuments de la Grèce, et j’étais encore tout rempli de leur grandeur : mais qu’ils avaient été loin de m’inspirer ce que j’éprouvais à la vue des lieux saints ! » Seulement ce qu’il éprouve, il ne le dit pas. Et voilà, sur Jérusalem, le passage le plus chaud. Non, il ne sent rien. La plus simple des petites sœurs, venue aux lieux saints, sentira, et, si elle écrit même malhabilement, exprimera davantage. Chateaubriand, ne trouvant rien à dire, se rejette alors sur l’histoire de Jérusalem, sur les Croisades, sur une lecture de la Jérusalem délivrée, sur une lecture d’Athalie, et sur le prix des denrées en Palestine.

   *    *    *    *    *

Mais enfin, il convenait que l’auteur partagé de l’Essai sur les Révolutions, désireux d’écrire le livre qu’on attendait le plus, écrivît le Génie du christianisme ; il convenait que l’auteur du Génie du christianisme écrivît les Martyrs, et il convenait que l’auteur des Martyrs visitât l’Orient et la Terre-Sainte en délégué de la chrétienté et écrivît l’Itinéraire. Et voilà qui est fait.

Or, comme il nous l’a dit lui-même, tandis qu’il décrivait avec soin la mer Morte (qu’il n’a vue que de loin), l’église de Bethléem et l’église du Saint-Sépulcre ; tandis qu’il faisait, d’Alexandrie à Tunis, une navigation qui ne fut qu’« une espèce de continuel naufrage de quarante-deux jours », il ne pensait qu’à la dame qui l’attendait à Grenade. Et, quand il fut de retour à Paris, il écrivit pour elle