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qu’il donne, et ne nous laisse pas ignorer que son voyage lui a coûté cinquante mille francs. Il fait un étalage d’érudition inutile et assommante, et qui, encore, est de troisième main. Il nous accable de l’histoire de chacune des villes qu’il visite. Cela tient au moins la moitié de l’énorme volume. Puis, pour rappeler et confirmer sa fière attitude d’opposant à l’Empire, de grand citoyen seul debout devant le tyran, il y a à chaque instant, et souvent assez inattendues, des allusions au despotisme de l’empereur par la peinture ou la mention des horreurs de l’oppression turque. Il y a aussi toute une étude sur un chant du Tasse, poète aujourd’hui négligé. Il y a de longues citations de Delille et d’Esménard, parce que Delille et même Esménard étaient des influences, et qui pouvaient le servir et qui ne lui portaient pas ombrage. Il y a beaucoup de citations, et, celles-là, plus désintéressées (mais enfin cela tient de la place et enfle le volume) d’Homère, de Virgile, d’Euripide, d’Hérodote, de Diodore, etc… Il y a aussi, bien entendu, des descriptions harmonieuses, composées, un peu tendues et pompeuses… Et sans doute elles sont belles, par exemple celle qui se termine ainsi :

… J’ai vu, du haut de l’Acropolis, le soleil se lever entre les
 deux cimes du mont Hymette ; les corneilles qui nichent autour
 de la citadelle, mais qui ne franchissent jamais son sommet,
 planaient au-dessus de nous ; leurs ailes noires et lustrées
 étaient glacées de rose