détournent la tête, et mon ange protecteur, se voilant de ses ailes, remonte vers les cieux. » (Voilà qui est bien exagéré, et fort éloigné, je pense, des sentiments naturels de l’auteur). Mais le vieux Ségenax soulève les Gaulois contre Eudore qui a déshonoré, dit-il, la prêtresse ; et, au milieu d’une scène de tumulte et de carnage, Velléda reparaît et s’ouvre la gorge de sa faucille d’or.
Il est tout à fait singulier que cette chute de la jolie Gauloise dans les bras d’Eudore nous soit donnée comme un terrible châtiment des péchés de ce mauvais chrétien. Mais cette histoire de Velléda est charmante, et on peut la relire.
Eudore, c’est Chateaubriand lui-même : «… Mon âme était encore tout affaiblie par ma première insouciance et mes criminelles habitudes ; je trouvais même dans les anciens doutes de mon esprit et la mollesse de mes sentiments un certain charme qui m’arrêtait : mes passions étaient comme des femmes séduisantes qui m’enchaînaient par leurs caresses. »
Velléda est orgueilleuse, passionnée, possédée, mystérieuse, héroïque et faible. Elle a produit, je pense, une quantité d’amoureuses romantiques, — dont je ne me rappelle en ce moment que la Esméralda, — et jusqu’aux Petite comtesse et aux Julia de Trécœur. Ses apparitions sont imprévues et soudaines. Ses discours, qui semblent involontaires, ont un charme secret et puissant : « Mon père dort ;