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Satan convoque le Sénat des enfers. « Les démons se placent sur les gradins brûlants du sombre amphithéâtre. » Pour lutter contre le christianisme grandissant, le démon de l’homicide propose les bourreaux et les flammes. Le démon de la fausse sagesse propose l’athéisme et la diffusion des principes « qui dissolvent les liens de la société et menacent les fondements des empires ». Et enfin le démon de la volupté propose la volupté.

Il est charmant, ce démon de la volupté ; et que l’auteur lui est complaisant ! Voilà enfin une figure sympathique. « Le plus beau des anges tombés après l’archange rebelle, il a conservé une partie des grâces dont l’avait orné le Créateur… Né pour l’amour, éternel habitant du séjour de la haine, il supporte impatiemment son malheur ; trop délicat pour pousser des cris de rage, il pleure seulement. » Et ses discours sont exquis. (Il faut dire aussi que ce démon est une femme et s’appelle Astarté) :

 Dieux de l’Olympe, et vous que je connais moins, divinités du
 brahmane et du druide, je n’essaierai point de le cacher : oui,
 l’enfer me pèse ! Vous ne l’ignorez pas, je ne nourrissais contre
 l’Éternel aucun sujet de haine, et j’ai seulement suivi, dans sa
 rébellion et dans sa chute, un ange que j’aimais. (La touchante
 diablesse !) Mais, puisque je suis tombé du ciel avec vous, je
 veux du moins vivre longtemps au milieu des mortels, et je ne
 me laisserai point bannir de la terre. (Oh ! celle-là peut être
 tranquille) Tyr, Héliopolis Paphos, Amathonte m’appellent. Mon
 étoile brille encore