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blanchies dans le sang de l’agneau. » Il écrit ailleurs, plus sensé : « Muses, où trouverez-vous des images pour peindre ces solennités angéliques ? » Ou bien : « Est-ce l’homme infirme et malheureux qui pourrait parler des félicités suprêmes ? Ombres fugitives et déplorables, savons-nous ce que c’est que le bonheur ? » Évidemment non ; mais alors ?

Et après le paradis, il y a l’enfer ! Chateaubriand a repoussé les bizarres visions de Dante et n’a pas voulu insister sur les supplices matériels… Mais que ce qu’il a inventé est d’une horreur indifférente et fade ! Il paraît que Satan est furieux de l’amour de la petite Cymodocée pour le bel Eudore. Il était en train de passer la revue des temples de la terre et les a trouvés languissants. Il rentre dans le sombre royaume pour prendre conseil des autres démons. « Un fantôme s’élance sur le seuil des portes inexorables, c’est la Mort. Elle se montre comme une tache obscure sur les flammes des cachots qui brûlent derrière elle », etc… La Mort vole au-devant de Satan : « Ô mon père, viens-tu rassasier la faim insatiable de ta fille ?… J’attends de toi quelque monde à dévorer… » Est-ce que cela vous touche ? Ou bien, serez-vous épouvantés d’apprendre que, « lié par cent nœuds de diamants sur un trône de bronze, le démon du désespoir domine l’empire des chagrins ? » Pourtant, le démon du désespoir est intéressant, le plus intéressant des démons, je pense, et valait mieux que cela.

Donc,