Et cette antiquité grecque dont il avait déjà vu, dans les idylles manuscrites d’André Chénier, des transpositions admirables ! Mais, hélas ! il voulait faire une épopée, et une épopée chrétienne. Il voulait, — pourquoi, mon Dieu ? — démontrer la supériorité du merveilleux chrétien sur le merveilleux païen. Et cela le jette dans des inventions glaciales. Il suppose que le martyre de Cymodocée et d’Eudore doit assurer le triomphe de la religion chrétienne et que, par conséquent, le ciel et l’enfer s’intéressent violemment à ces deux amoureux ; et alors, il est obligé, — luttant contre Dante, contre Milton, contre Klopstock, — de faire, lui aussi, un paradis et un enfer ; et je ne saurais vous dire le néant de cet enfer et de ce paradis.
Vouloir peindre le ciel, lui René ! Mais, pour lui, s’il était sincère, la félicité suprême, ce serait la mélancolie elle-même, et ce serait le paradis de Mahomet, avec de la rêverie autour… Au lieu de cela, il nous compose un paradis qui, dans ce qu’il a de matériel, n’ose pas nous offrir les simples plaisirs des sens et la simple volupté, mais emprunte à l’Apocalypse d’indifférentes « murailles de jaspe », ou des « arcs de triomphe formés des plus brillantes étoiles », ou des « portiques de soleils prolongés sans fin à travers les espaces du firmament », c’est-à-dire des architectures fort inférieures au Parthénon ou à Notre-Dame de Paris. Et que nous font, je vous prie, les chœurs de chérubins, de séraphins, de trônes et de dominations, dont les uns «