de persécution. Eudore est emprisonné, torturé, condamné aux bêtes… Mais Cymodocée (qui a été baptisée dans le Jourdain par Jérôme), est jetée par une tempête sur la côte d’Italie, arrêtée, conduite à Rome ; et, délivrée de l’horrible Hiéroclès par une émeute populaire, est emprisonnée comme chrétienne… Enlevée de sa prison par un brave chrétien, et rendue à son père, elle s’échappe, vient trouver Eudore à l’amphithéâtre, et tombe, vierge, dans ses bras ;
Il la serre contre sa poitrine, il aurait voulu la cacher dans son cœur. Le tigre arrive aux deux martyrs. Il se lève debout, et enfonçant ses ongles dans les flancs du fils de Lasthénès, il déchire, avec ses dents, les épaules du confesseur intrépide. Comme Cymodocée, toujours pressée dans le sein de son époux, ouvrait sur lui des yeux pleins d’amour et de frayeur, elle aperçoit la tête sanglante du tigre auprès de la tête d’Eudore. À l’instant, la chaleur abandonne les membres de la vierge victorieuse ; ses paupières se ferment ; elle demeure suspendue aux bras de son époux ainsi qu’un flocon de neige aux rameaux d’un pin du Ménale ou du Lycée…
Ô le charmant martyre !
L’histoire, réduite à ce que j’ai dit, pouvait être délicieuse. Cette petite fille païenne, qui se fait chrétienne par amour (car il n’y a pas autre chose) ! Ce chrétien victime de ses passions, et qui est martyr, ce semble, par point d’honneur ! Et ces paysages de Grèce que Chateaubriand avait eu soin de parcourir avec la résolution de les trouver beaux !