sans doute parce que la lutte de la nature et de la foi, la lutte des dieux et de Dieu devait avoir plus de grâce et de poésie dans une âme de jeune fille. Et, au surplus, l’âme de son amant chrétien pouvait être, elle aussi, partagée, et plus touchante par ses péchés eux-mêmes que par son repentir.
Voici donc, très en abrégé, la fable imaginée par Chateaubriand.
L’amant, le héros, Eudore, est un très brillant jeune homme né vers la fin du troisième siècle. Il est d’une vieille famille de Messénie, les Lasthénès, et descendant de Philopœmen. Il a le caractère et la vie que Chateaubriand aurait voulu avoir à cette époque-là. Il est chrétien, mais il a la culture grecque, et est capable d’apprécier et d’aimer la littérature et l’art païens. Les Lasthénès s’étant jadis opposés à la conquête romaine, l’aîné de la famille est obligé de se rendre en otage à Rome… Eudore va donc à Rome, dès l’âge de seize ans. Il y rencontre les futurs saints Augustin et Jérôme, et le futur empereur Constantin, que l’auteur rassemble ici complaisamment. Puis Eudore tombe dans tous les désordres de la jeunesse et oublie sa religion (comme fit le jeune Chateaubriand à Londres). Il est même excommunié par l’évêque de Rome Marcellin.
Il passe l’été, avec la cour, à Baïes ; il fréquente chez Aglaé, très riche et très élégante dame. Il connaît le futur saint Sébastien, et le fameux comédien Genès, et le futur ermite Pacome. Puis, il est envoyé à l’armée