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homme mélancolique et fatal, le Satan de Vigny.

Il montre alors ce que le christianisme a dû ajouter de beauté à notre littérature classique. Il était socialement utile de relever et de remettre au premier rang les écrivains du siècle de Louis XIV, « qui, dit-il, ne s’élevèrent à une si haute perfection que parce qu’ils furent religieux ». Il parle fort bien de Pascal, de La Bruyère, de Bossuet, des orateurs chrétiens. En somme, dans cette deuxième et troisième parties, sans être, je crois, aussi profondément original que l’explique Faguet, il élargit et élève la critique littéraire par cela seul qu’il y introduit une vue générale, qui est une vue passionnée, et qui est une vue historique. Il l’a fait en même temps que d’autres : car il était naturel que la peur ou simplement le dégoût de la Révolution amenât une réaction contre les écrivains qui semblaient l’avoir préparée, et par conséquent, en faveur des écrivains du siècle précédent et en faveur de toute la littérature chrétienne ; et déjà l’instinct de conservation avait rendu l’abbé Geoffroy, par exemple, fort clairvoyant et lui avait donné des vues d’historien. La poésie des cloîtres, des cimetières, des cérémonies chrétiennes (à l’imitation de Thomas Gray, par exemple), n’était pas non plus inconnue. Mais Chateaubriand avait pour lui son génie et la magie de sa phrase ; et on ne fit attention qu’à lui.

Une remarque utile : lorsque Chateaubriand préfère