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Les sentiments les plus merveilleux sont ceux qui nous agitent un peu confusément : la pudeur, l’amour chaste, l’amitié vertueuse sont pleins de secrets. L’innocence à son tour… n’est-elle pas le plus ineffable des mystères ?… Les plaisirs de la pensée sont aussi des secrets… Tout est caché, tout est inconnu dans l’univers », etc… Et ainsi, nous ne devons avoir aucune peine à croire au mystère de la Trinité ou au mystère de l’Incarnation, puisque la pudeur est un mystère, puisque l’innocence est un mystère, puisque la façon dont pousse un grain de blé est un mystère, et puisque le clair de lune est plein de mystère. À ce compte, le mot « mystère » aurait le même sens dans le « mystère de la Rédemption » et dans : « Le bocage était sans mystère ! »

Lorsqu’il parle des dogmes du christianisme (et il faut bien qu’il en parle), soyez sûrs qu’il pense toujours aux encyclopédistes, à leurs disciples et à leurs lecteurs et qu’il ne veut pas leur paraître trop crédule, ni trop naïf (et cela est d’ailleurs fort bien vu, étant donné son dessein). Il noie la Trinité chrétienne dans une érudition de dictionnaire : « La Trinité fut peut-être connue des Égyptiens… Héraclide de Pont et Porphyre rapportent un fameux oracle de Sérapis… Les mages avaient une espèce de Trinité… Platon semble parler de ce dogme… Aux Indes la Trinité est connue… Au Thibet également… Les missionnaires anglais à Otaïti ont trouvé quelques traces de la Trinité… » Enfin, «