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qu’il les eût faites de 1801 jusqu’à une époque assez difficile à déterminer, mais assez lointaine ; et je crois qu’il les faisait régulièrement dans les dernières années de sa vie. Si cette impression est fondée, vous avouerai-je qu’elle ne m’empêche pas de croire à la sincérité religieuse de Chateaubriand ? 1° Video meliora… et 2° les trois quarts des écrivains sont beaucoup plus sincères en écrivant qu’en vivant. » Cela me semble parfaitement juste.

Mais, avec tout cela, la foi de Chateaubriand ne me satisfaisait pas. Elle me paraissait petite et fragile. Alors j’ai consulté un théologien ; et j’ai vu que l’Église était moins difficile que moi ; et j’ai admiré sa connaissance de l’homme et sa très sagace indulgence.

Le théologien m’a répondu :

« La foi proprement dite ou « foi divine » (au sens de foi à Dieu) consiste en ce que l’on croit une vérité révélée et qu’on la croit à cause de l’autorité de Dieu qui la révèle.

»Ainsi donc l’objet de la foi est une vérité révélée, — non évidente de soi, et plutôt mystérieuse, — que l’esprit accepte, sans pouvoir se démontrer qu’elle est une vérité, et seulement parce qu’il sait qu’elle est une vérité révélée par Dieu…

»Préalablement à la « foi divine » ainsi conçue doit se placer une enquête de l’esprit se demandant quelles raisons il a de penser qu’en effet il y a des vérités