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Quelques-uns ont pris le parti de mourir, en voyant qu’à force de changer, ils revenaient toujours aux mêmes objets, parce qu’ils n’avaient plus rien de nouveau à éprouver. Ainsi les a pris le dégoût de la vie et du monde, et alors leur échappe ce cri des voluptueux blasés : « Quoi ! toujours la même chose ! » Fastidio illis esse cœpit cita, et ipse mundus ; et subit illud rabidorum deliciarum : quousque eadem ?

Pascal aussi a fort bien parlé de ce mal. Quand même, dit-il, on se verrait à l’abri du malheur, « l’ennui, de son autorité privée, ne laisserait pas de sortir du fond du cœur où il a des racines naturelles, et de remplir tout de son venin… Ainsi l’homme est si malheureux qu’il s’ennuierait même sans aucune cause étrangère d’ennui, par l’état propre de sa complexion. »

Et Bossuet : « C’est la maladie de la nature… Ô Dieu, que le temps est long, qu’il est pesant, qu’il est assommant !… L’ennui que sainte Thérèse a de la vie… La persécution de cet inexorable ennui qui fait le fond de la vie humaine… »

Et Fénelon : « Le monde me paraît une mauvaise comédie… Je me méprise encore plus que le monde ; je mets tout au pis-aller, et c’est dans le fond de ce pis-aller pour toutes les choses d’ici-bas que je trouve la paix. » — « Je sais par expérience ce que c’est que d’avoir le cœur flétri et dégoûté de tout ce qui pourrait lui donner du soulagement… Je tiens à tout d’une certaine façon… mais d’une