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à en démontrer l’utilité. » Il prouve « invinciblement, et la nécessité des cloîtres pour certains malheurs de la vie…, et la puissance d’une religion qui peut seule fermer les plaies que tous les baumes de la terre ne sauraient guérir ». L’auteur a voulu peindre aussi les funestes conséquences de ces « rêveries criminelles… introduites parmi nous par J.-J. Rousseau, et de l’amour outré de la solitude ».

Et comment a-t-il conçu le sujet de cette nouvelle ? Afin d’inspirer plus d’éloignement pour le cas de René, il a pensé, nous dit-il, qu’il devait prendre la punition de ce jeune homme « dans le cercle de ces malheurs épouvantables qui appartiennent moins à l’individu qu’à la famille de l’homme » ( ?) « et que les anciens attribuaient à la fatalité. » — « L’auteur eût choisi le sujet de Phèdre s’il n’eût été traité par Racine. Il ne restait que celui d’Érope et de Thyeste, ou de Canace et Macareus, ou de Canne et Bybis chez les Grecs et les Latins, ou d’Amnon et de Thamar chez les Hébreux. »

Ainsi, pour punir le crime intellectuel de René, il paraît qu’il n’y a pas de châtiment plus convenable, plus congruent, plus nécessaire que de le faire aimer par sa sœur et de lui faire entendre, chuchoté par cette sœur sous le drap mortuaire de ses vœux, l’aveu de cet incestueux amour. Cela est vraiment bien étrange. En réalité, rien de moins attendu, dans cette histoire de René, que la passion de la