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avec envie les longues jambes de l’ibis, qui semblaient peintes au ripolin rose.

Flatté, l’ibis marchait de long en large. Il leur parlait de sa patrie l’Égypte, du Nil, des autruches, des pyramides et des minarets du Caire.

D’abord on l’avait écouté avec respect ; mais peu à peu on trouva qu’il racontait toujours la même chose.

Le dindon disait avec colère :

« Quel rabâcheur ! »

La pintade se moquait de son nez d’ivrogne, et un caneton poussa l’impertinence jusqu’à lui demander combien les baguettes qui lui servaient de jambes lui avaient coûté le centimètre.

Alors le pauvre ibis rose se retira dans un coin. Et il se tenait tout raide sur une patte, rêvant de son pays, du Nil, des pyramides et des minarets.