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RACONTÉE AUX ENFANS.

moments après l’Indien redemanda son wisky. « Commencez par le payer » reprit le marchand, « Je vous ai déjà donné dix-huit sous. » répondit l’Indien.

4. « Vous êtes un fripon, » s’écria le marchand en colère, « sortez de ma boutique. » — L’Indien allait répliquer, le marchand ne lui en laissa pas le temps, il se jeta sur lui et le poussa brutalement hors de la porte.

5. Levasseur fut saisi d’indignation mais la prudence lui défendait d’intervenir dans cette affaire. Il suivit l’Indien à quelque distance de la boutique, il le vit s’arrêter et rester immobile comme une statue, puis croisant ses bras sur sa poitrine, il fit encore quelques pas, s’arrêta de nouveau, leva les yeux et les mains vers le ciel et parut s’écrier : Les blancs n’ont-ils point de Dieu ? Sa vengeance ne se réveillera-t-elle pas ? Ne prendra-t-il jamais pitié des pauvres Indiens ?

6. Alors, continuant sa route, il s’enfonça dans la forêt et disparut. — Ah, pauvres Indiens ! pensa Levasseur, les blancs vous engagent à acheter du poison et quand vous leur apportez votre argent ils ne vous donnent en revanche que des injures et de mauvais traitements. Ils vous appellent sauvages : ne le sont-ils pas plus que vous ?

7. Écoutez, chers enfans, le conseil que j’ai à vous donner. Vous serez bientôt des hommes, vous vous ré-