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ment. Pour le conserver, Dieu n’a qu’à y maintenir toujours une égale quantité de mouvement et un même rapport du mouvement au repos.

Cette manière d’ordonner l’empire passif de la matière, suivant les lois générales et immuables de la géométrie, devait plaire au génie de Spinoza. Et, en effet, nous voyons dans une lettre à Oldenburg qu’il accepte pleinement et même aveuglément la loi de Descartes.

Mais, pour lui, cette loi même n’est qu’un cas particulier d’une loi infiniment plus générale et qui s’applique, non-seulement aux corps, mais aux esprits. La loi de Descartes « que la même quantité de mouvement et de repos se conserve dans le monde, » devient à ses yeux un axiome très clair et très vrai, même en métaphysique.

Descartes avait dit : « C’est Dieu seul qui peut conserver dans le monde le même rapport du mouvement au repos. »

Spinoza dit : « C’est Dieu seul qui peut conserver dans le monde le même rapport de la pensée à l’étendue, de l’esprit à la matière, du corps à l’âme. »