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LIX

Mais ce même Dieu, qui entre dans la nature de l’âme par les idées, pénètre la nature du corps par l’étendue. Il se fait sensible, il prend la forme corporelle, pour approcher de l’âme ce qu’il faut qu’elle perçoive de l’univers matériel ; il devient la matière de ses perceptions. Étant dans l’âme par la pensée, et dans le corps par l’étendue, Dieu est tout à la fois le sujet et l’objet de la connaissance, le miroir et l’image de l’Univers. Quand il y a perception du corps par l’âme, c’est le Dieu étendu qui se fait sensible au Dieu pensant qui est en nous. Ce sont les deux parties d’un même Dieu qui se rejoignent.

Cette persuasion où était Spinoza, que Dieu influe physiquement sur nos âmes et sur nos corps, lui donnait l’assurance qu’il y a dans les choses de l’ordre et de l’enchaînement. On voit même qu’il rêvait un ordre universel découlant des propriétés générales des choses, facilement explicable suivant les seules lois de la mécanique et de la géométrie. Il avait cru trouver dans les âmes et dans les corps d’égales traces d’une activité fatale et d’une nécessité mathématique. En faisant des premières les modes de la pen-