Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LIV

qui tient à la grossière imagination que voici : « Toute la chaîne des étendues forme un seul individu appelé nature. Toute la chaîne des pensées lui forme une âme qui s’appelle l’âme du monde. Il y a donc un accord mutuel des parties de l’étendue et des parties de l’entendement infini, les âmes et les corps. »[1]

Or, et c’est là sans doute la preuve la plus convaincante, contre le rapprochement forcé des deux systèmes, cette hypothèse est ruinée de fond en comble par la plus simple application de la monadologie. En effet, ni les corps ne sont pas que des parties de l’étendue, ni les âmes ne sont pas que des parties de la pensée, à moins que vous ne domptiez d’abord la résistance infinie de la multitude des monades que Leibniz a partout semées pour être l’écueil du Spinozisme. On peut bien localiser l’âme du monde dans un entendement infini, quand on fait des âmes les modes fugitifs de la pensée. Mais les monades offrent une résistance indomptable à cette violente assimilation.

  1. Voir Spinoza, trad. française, partie 2, Schol. du lemme VII.