Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XLIX

« Les hommes, dit Spinoza, se considèrent dans la nature comme un empire dans un empire ils ont tort. »

« À mon avis, dit Leibniz, reprenant les expressions mêmes de Spinoza, chaque substance est un empire dans un empire, mais dans un juste concert avec tout le reste. »

À ces textes précis, irrécusables, que pourrait-on répondre ? On veut que l’harmonie préétablie rappelle les deux ordres soi-disant proportionnels, mais réellement identiques de Spinoza, tandis que Leibniz, dans une réfutation de ce dernier, l’oppose résolument au Spinozisme, qui, suivant lui, n’explique pas l’accord ou communication des substances. Et, en effet, là où il n’y a qu’une substance, où peut être l’accord, l’harmonie, le nombre[1] ?

Mais, admettons que cette différence radicale entre les deux systèmes ne soit pas suffisante.

  1. Le système de l’harmonie préétablie a été comparé, en Allemagne, par Mendelssohn et Jacobi ; en France, par le seul éditeur et traducteur complet des œuvres de Spinoza, avec le système imaginé par ce dernier pour rendre compte de l’accord et de l’ensemble des êtres. Je réclame avec Lessing contre ce rapprochement forcé.