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XXXVIII

ver à une individualité véritable par la figure, la substance pensante n’y saurait arriver non plus par la personne. Si la physique de l’immortalité se trouve fausse, la métaphysique de l’immortalité ne saurait être vraie.

C’est sans doute le plus grand danger du Spinozisme, celui qui dut donner le plus à réfléchir à Leibniz, que cette solidarité mutuelle du corps et de l’âme, soumis dans son système à un même destin. On prouvait autrefois que l’âme était l’unité, en réduisant la matière à zéro. On admirait cette belle économie des êtres ainsi réglés par la Providence, que les corps s’écoulent et que les esprits demeurent. On insistait sur cette impuissance de la matière à s’élever au-dessus de son néant d’origine. On relevait d’autant plus à ses propres yeux la dignité de l’être spirituel.

Spinoza change tout cela : il déclare qu’il y a dans l’étendue, dans la matière, un fonds substantiel, aussi bien que dans la pensée ; que si la réalité du corps est égale à zéro, la réalité de l’âme doit être en vertu de la loi de l’unité de substance rigoureusement égale à zéro.