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XXIV

pensée sans conscience d’elle-même (ce qui est la négation même de la pensée aux termes de la définition de Descartes)[1]. Dans cet état d’indétermination, la pensée ne connaît point de bornes : elle est libre comme l’Océan. Si elle se détermine, les modes déterminés d’elle-même, c’est-à-dire les pensées, les volontés particulières, etc., etc., tout enfin n’est qu’une suite nécessaire de sa nature.

Mais comme la pensée n’est plus à l’état indéterminé, quand elle se détermine, il suit de là que, par l’acte créateur, la pensée infinie s’annule, et de même aussi la liberté. Et il ne reste qu’un monde nécessaire.

La nécessité des choses, tel est, en dernière analyse, le seul résultat de la Théodicée de Spinoza : « J’ai montré, nous dit-il, en concluant sa première partie, que tout a été prédéterminé par Dieu, non pas en vertu d’une volonté libre ou d’un absolu bon plaisir, mais en vertu de sa nature absolue ou de son infinie puissance. »

  1. Cogitationis nomine intelligo illa omnia quæ nobis consciis in nobis sunt, quatenus eorum in nobis conscientia est. Voir aussi les Lettres 27 et 41 de Spin.