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CIV

et de spontanéité, n’est comparable à celui de Spinoza[1].

L’harmonie préétablie elle-même, nous l’avons vu, bien qu’inadmissible, s’efforce de maintenir deux règnes que confond Spinoza.

Enfin, de l’optimisme au fatalisme, il y a tout l’abime qui sépare un Dieu libre dans son choix, réalisant des possibles, d’un Dieu fatal, produisant le nécessaire.

Les deux mondes imaginés par ces deux

  1. Ces mots d’automate spirituel qui se rencontrent chez Leibniz se retrouvent chez Spinoza ; ils viennent de Dcscarles. (De Passionibus, art. 16.). On aurait dû s’en souvenir avant d’ajouter un chapitre de plus aux étonnans rapports de Leibniz avec Spinoza. Leibniz et Spinoza empruntent tous deux à Descartes son idée de l’homme-machine, de l’homme-automate ; seulement Spinoza ne la reçoit sans doute que de seconde main et par la filière des Cartésiens de Hollande ; comme il ne sait pas le grec, il emploie le mot de confiance sans lui demander d’où il vient, ni ce qu’il veut dire, et il le défigure. MM. Paulus, Gfrœrer et Saisset ont cru que le texte du de Emendat. intellectus, où il se trouve, portait automatum spirituale. Leibniz, plus exact que les éditeurs mêmes, restitue la vraie leçon du texte original, celle de l’édition princeps de 1677, faite d’après les manuscrits de Spinoza qui porte en toutes lettres, p. 384, le barbarisme étrange automa pour automatum. Il a voulu dire automate, reprend Leibniz, qui lui vient en aide. Toujours est-il qu’il a écrit : automa. Ce qui est absurde et prouve à quel point la pensée et l’expression de Descartes, le fond comme la forme, pouvaient s’altérer en passant par le canal d’un juif hollandais. (Voir le manuscrit, p. 61 )