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Mais du moins, Spinoza en a-t-il profondément interrogé les lois, en comprend-il l’organisme vivant, animé, en pressent-il la grandeur et l’infinie variété.

Sans doute Spinoza la croit féconde. Trop sec et trop abstrait pour se passionner à la vue des spectacles qu’elle lui offre, elle a du moins pour lui l’attrait d’une science et la beauté d’un problème. Il y a même certains passages de l’Éthique où le goût des recherches naturelles l’emporte sur la ligne et le compas. Alors Spinoza indique en passant les merveilles du monde des corps : il parle des capacités latentes de la matière, qui sont pour l’observateur attentif une raison de croire la puissance des corps incomparablement plus grande que nous ne pensons ; il fait même allusion à ces facultés mystérieuses du corps, agissant dans l’état de sommeil ou de somnambulisme[1] par les seules lois de la na-

  1. Personne n’a déterminé ce dont le corps est capable, dit Spinoza Eth., p. 3, Sch. Prop II. Et il ne faut pas s’en étonner, puisque personne encore n’a connu assez profondément l’économie du corps humain pour être en état d’en expliquer toutes les fonctions : je ne parle pas de ces merveilles qu’on observe dans