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XCIX. LETTRES ENTRE LEIBNIZ ET CLARKE.

les Corps situablos. 11 me semble que cela vout dire, quc la situation est la cause de la s i t u a t i H . J’ai prouve ci-dessus , que I’ e s p a c e n^est pas Tordre des corps : et j"ai fait voir daus cette quatrieme Replique, que l’Au- teur na point repoudu aux argumcns que j^ai pro- ])0ses. II n’est pas moins evident que le tems u’cst pas 1’ordre des choses qui se succe- dent rune a l’autre, puisque la quantite du tems peut etre plus grande ou plus pctite ; et ce- ]>cndant cet ordre ne laisse ])as d’etre le meme. L’ordre des choses qui se succedent I’une h Tautre dans le tems , n’est pas le tems nicme : car elles pcuvent se succedor Tune a Tautre ])]us vite ou ]>Ius lcutemeut dans lo meme ordre de succession*, mais nou daus le meme tems. Supi)ose qu^il ny ciit ])oint de creatures, Tubi- quite de Dieu et la continuation de son existence feroicnt quc resiwce et la duree se- roient precisement les memes qu^ present.

42. Ou apiielle ici de la Raison a ropinion vul- gaire ; mais comme Foinnion vulgaire n^est jias la regle de la verite , les Philosophes ne doiveut i^oint y avoir recours.

43. Lldee d’un miracle renferme necessaire- ment l’idee d^une chose rare et extraordinaire. Car, ^ailleurs, il n^ a rien de jjIus merveilleux, et qui demande une ])lus grande jiuissance, que quelqucs-uncs dcs choses que nous a])pcllous na- turelles ; comme par exeinple, les mouvemens des corjis celestes, la generation et la formation des plantes et des animaux, etc. Ce])endant ce ne sont pas dcs miraclcs, ])arce que ce sont des cho- scs eommunes. II ne s’ensuit jiourtant ])as de-la, que tout ce qui est rare et extraoidinaire soit un niiracle. Car i>lusieurs choses de cctte natui’e, pcuvcnt etre des eficts irreguliers et moins com- muns, des causes ordinaircs ; conimc les Eclipscs, les Monstres, la Wanie daus les honuncs, et une inlinite d^autres choses que le vulgaire appelle des ])rodiges. ’ <■

44. Ou accordc ici ce que j’ai dit. On soutient pouitant une diose contraire au scntiment commun dcs Theologicns , en supposant C|u’uu Ange peut faire des miracles.

45. II est vrai r|ue si un corps en attiroit un autre, sans rintcrveution d’aucun nioyen, ce ne se- roit pas uu miracle, mais une contradiction ; car ce seroit supposer qu^une chose agit ou elle n’est l>as. Mais le moyen par lcqucl diux corps s’at- tirent Fun rautre. t a n g i b 1 e ,

nisme : ce qui n’einpcche i)as qirune action regu- liere et constaute nc puisse etrc appclee uaturelle,

,, pcut-ctre invisiblc ct in- et d’une nafure diilVMente du Meca-

puisqn’elle est beaucoup moins merveilleuse, que le mouvemeut des Animaux, qui ne j^asse pourtaut pas pour uu miracle.

46. Si ])ar le terme de Forces naturellcs, on entend ici des forces mecaniques, tous les animaux , sans en excepter les hommes , seront de pures machines, comine une horologe. Mais si ce tcrme ne signifie i^as des forces meca- niques, la gravitation peut-etre produite ])ar des forces regulieres et naturelles, quoiqu’clles nc soient ])as mecaniques.

N. B. Oii a deja repomlu ci-dessiis aiix argumens que Mr. Leihiiiz a inseres ilans une AposIiUe a son (liianieme Ecrit. La seule cliose (iu’il soit besoin (l’ob- serer ici , c’esl (luo Hlr. lieibnisj en someiiaiil riin- possibililti des Atonies Pliysi(iues, (il ne s’agit pas entre nous des Points 3Iathemati(iues,D sou- lient uiie absurdilci maiiifeste. Car ou il y a des par- tiesparfailementsolidesdans la matiere, ouil n’y en apas. S’ilyena, et qu’eiiles subdivisanl on yprenne de nouvel- les particules, qui aieiit toute la meme figure et les meiiies diineiisioiis, (ce qui est toujoiirs possible,) ces nouvelles particules seronl des Atomes Pliysiques parfaitement semblables. Que s’il n’y a point de parties parfaitenient solides dans la maliere, il n’y a point de mati(ire dans runivers : car plus on divise et subdivise un corps, poiir arriver enfin a des pai- lies parfailement solides et sans pores, pliis la pro- porlion que les pores ont a la matiere solide de ce •orps, pliis , dis-je, celte proportion augment. Si doiic, en poiissanl la division et Ja subdivision a rin- fiiii , il est impossible d’arriver a des parties parfaite- meiit solidi.s e( sans pores, il s’ensuivra que les corps soiit uniquemeiit composes de pores, (le rapporl de ceux-ci aux parlies solides, augmenlant .saiis cesse} et par coiiS(5qu(inl qu’il n’y a point de maliere du toul ; ce qiii est uiie absurdile manifesle. Et le rai- sonnement sera le meiiie, par rapport a la maliere doiit les especes parliciilieres des corps soiit conipo- sees, soit que Toii siippose que les pores sont vuides, ou qu’ils sont remplis d’une maliere etrangere.

CINQUIEME ECRIT DE MR. LEIBNIZ,

Ou R( !’ponse a la qnatriemc Re])liqne de Mr. Clarke ’ ).

S

Sur Ics

S. 1. ct 2. de FEcrit precedcut.

1. Je rt’pondrai cctte fois plus amplement, i)our ciclaircir les difficulteSj et pour cssaycr si ron est

) Dans rEdilion de Londres de ce cinquieme a niarge plusieurs Addilions cl Cor- eibniz y avoil faitcs eii renvoyant

E c r i I , il y a a

reclions qiie Blr. I

a Mr. Ues Maizeaux. Mr. Clarke eu rendit coniple

dans un pelit Avorlisscment niis a la tcte de cet