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parce que nous ne saurions démêler cette multitude de petites impressions ni dans notre âme ni dans notre corps ni dans ce qui est hors de nous.

§ 24. Philalèthe. Nous ne considérons les qualités qu’a le soleil de blanchir et d’amollir la cire ou d’endurcir la boue que comme de simples puissances, sans rien concevoir dans le soleil qui ressemble à cette blancheur et à cette mollesse, ou à cette dureté : mais la chaleur et la lumière sont regardées communément comme des qualités réelles du soleil. Cependant, à bien considérer la chose, ces qualités de lumière et de chaleur qui sont des perceptions en moi ne sont point dans le soleil d’une autre manière que les changements produits dans la cire, lorsqu’elle est blanchie ou fondue sont dans cet astre.

Théophile. Quelques-uns ont poussé cette doctrine si loin qu’ils ont voulu nous persuader que si quelqu’un pouvait toucher le soleil, il n’y trouverait aucune chaleur. Le soleil imité qui se fait sentir dans le foyer d’un miroir ou verre ardent en peut désabuser. Mais pour ce qui est de la comparaison entre la faculté d’échauffer et celle de fondre, j’oserais dire que si la cire fondue ou blanchie avait du sentiment, elle sentirait aussi quelque chose d’approchant à ce que nous sentons quand le soleil nous échauffe, et dirait, si elle pouvait, que le soleil est chaud, non pas parce que sa blancheur ressemble au soleil, car lorsque les visages sont hâlés au soleil, leur couleur brune lui ressemblerait aussi, mais parce qu’il y a alors dans la cire des mouvements qui ont un rapport à ceux du soleil qui les cause : sa blancheur pourrait venir d’une autre cause, mais non pas les mouvements qu’elle a eus, en la recevant du soleil.



§ 1. Philalèthe. Venons maintenant aux idées de réflexion en particulier. La perception est la première faculté de l’âme qui est occupée de nos idées. C’est aussi la première et la plus simple idée que nous recevions par réflexion. La pensée signifie souvent l’opération de l’esprit sur ses propres idées, lorsqu’il agit et considère une chose avec un certain degré d’attention volontaire : mais dans ce qu’on nomme perception, l’esprit est pour