Page:Leibniz - Nouveaux Essais sur l’entendement humain, 1921.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme Cardan, Campanella, et mieux qu’eux feu Madame la comtesse de Connaway platonicienne, et notre ami feu M. François Mercure van Helmont (quoique d’ailleurs hérissé de paradoxes inintelligibles) avec son ami feu M. Henry Morus. Comment les lois de la nature (dont une bonne partie était ignorée avant ce système) ont leur origine des principes supérieurs à la matière, et que pourtant tout se fait mécaniquement dans la matière, en quoi les auteurs spiritualisants, que je viens de nommer, avaient manqué avec leurs archées et même les cartésiens, en croyant que les substances immatérielles changeaient sinon la force, au moins la direction ou détermination des mouvements des corps. Au lieu que l’âme et le corps gardent parfaitement leurs lois, chacun les siennes, selon le nouveau système, et que néanmoins l’un obéit à l’autre autant qu’il le faut. Enfin c’est depuis que j’ai médité ce système que j’ai trouvé comment les âmes des bêtes et leurs sensations ne nuisent point à l’immortalité des âmes humaines, ou plutôt comment rien n’est plus propre à établir notre immortalité naturelle, que de concevoir que toutes les âmes sont impérissables (morte carent animae) sans qu’il y ait pourtant de métempsycoses à craindre, puisque non seulement les âmes mais encore les animaux demeurent et demeureront vivants, sentants, agissants ; c’est partout comme ici, et toujours et partout comme chez nous, suivant ce que je vous ai déjà dit. Si ce n’est que les états des animaux sont plus ou moins parfaits, et développés, sans qu’on ait jamais besoin d’âmes tout à fait séparées ; pendant que néanmoins nous avons toujours des esprits aussi purs qu’il se peut, nonobstant nos organes qui ne sauraient troubler par aucune influence les lois de notre spontanéité. Je trouve le vide et les atomes exclus bien autrement que par le sophisme des cartésiens fondé dans la prétendue