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304 NOUVEAUX ESSAIS

df'mies royales, on serait allé loin et on serait déjà en état de profiter de nos tra^'aux; mais les grands pour la plupart n'en connaissent pas l'importance, ni de quels biens ils se privent en n'affligeant l'avancement des con- naissances solides : outre qu'ils sont ordinairement trop dérangés par les soins de la guerre pour peser les choses qui ne les frappent point d'abord.

LIVRE QUATRIEME

DE LA CONNAISSANCE

CHAPITRE PREMIER

De la connaissance en général.

§ 1. PmLALÈïHE. Jusqu'ici nous avons parlé des idées et des mois qui les représentent. Venons maintenant aux connaissances que les idées fournissent, car elles ne roulent que sur nos idées. § 2. Et la connaissance n'est autre chose que la perception de la liaison et convenance ou de l'opposition et disconvenance qui se trouve entre deux de nos idées. Soit qu'on imagine, conjecture ou croie, c'est toujours cela. Nous nous apercevons, par exemple, par ce moyen, que le blanc n'est pas le noir, et que les angles d'un triangle et leur égalité avec deux angles droits ont une liaison nécessaire.

Théophile. La connaissance se prend encore plus géné- ralement, en sorte qu'elle se trouve aussi dans les idées ou termes avant qu'on vienne aux propositions ou vérités. Et l'on peut dire que celui qui aura vu attentivement plus de portraits, de plantes et d'animaux, plus de figures de machines, plus de descriptions ou représentations de maisons ou de forteresses, qui aura lu plus de romans ingénieux, entendu plus de narrations curieuses, celui-là, dis-je, aura plus de connaissance qu'un autre, quand il n'y aurait pas un mot de vérité en tout ce qu'on lui a dépeint ou raconté ; car l'usage qu'il a de se représenter dans l'esprit beaucoup de conceptions ou idées expresses