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(c’est le contraire du mettre), laub (feuille), chose aisée à remuer, où se rapportent aussi lap, lid, lenken), luo, 7,vw (solvo), leien (en bas saxon), se dissoudre, se fondre comme la neige, d’où la Leine, rivière d’Hanovre, a son nom, qui venant des pays montagneux grossit fort par les neiges fondues. Sans parler d’une infinité d’autres semblables appellations, qui prouvent qu’il y a quelque chose de naturel dans l’origine des mots, qui marque un rapport entre les choses et les sons et mouvements des organes de la voix ; et c’est encore pour cela que la lettre L, jointe à d’autres noms, en fait le diminutif chez les Latins, les demi-Latins et les Allemands supérieurs. Cependant il ne faut point prétendre que cette raison se puisse remarquer partout, car le lion, le lynx, le loup ne sont rien moins que doux. Mais on se peut être attaché à un autre accident, qui est la vitesse (lauf) qui les fait craindre ou qui oblige à la course ; comme si celui qui voit venir un tel animal criait aux autres : Lauf (fuyez), outre que par plusieurs accidents et changements la plupart des mots sont extrêmement altérés et éloignés de leur prononciation et de leur signification originale.

Philalèthe. Encore un exemple le ferait mieux entendre.

Théophile. En voici un assez manifeste et qui comprend plusieurs autres. Le mot d’ceil et son parentage y peut servir. Pour le faire voir, je commencerai d’un peu haut. A (première lettre) suivie d’une petite aspiration fait Ah et comme c’est une émission de l’air, qui fait un son assez clair au commencement et puis évanouissant, ce son signifie naturellement un petit souffle (spiritum lenem), lorsque a et h ne sont guère forts. C’est de quoi âcu, aer, aura, haugh, halare, haleine, &iµos, athem, odem (allemand) ont eu leur origine. Mais comme l’eau est un fluide aussi, et fait du bruit, il en est venu (ce semble) qu’Ah, rendu plus grossier par le redoublement, c’est-àdire aha ou ahha, a été pris pour l’eau. Les Teutons et autres Celtes, pour mieux marquer le mouvement, y ont préposé leur W à l’un et à Pautre ; c’est pourquoi wehen, wind, vent, marquent le mouvement de l’air, et waten, vadum, water le mouvement de l’eau ou dans l’eau. Mais pour revenir à Aha, il paraît être (comme j’ai dit) une manière de racine, qui signifie l’eau. Les Islandais, qui gardent quelque chose de l’ancien teutonisme scandinavien, en ont diminué l’aspiration en disant au ; d’autres qui disent Aken (entendant Aix, Aquas grani) Pont augmentée, comme font aussi les Latins dans leur aqua, et les Allemands en certains endroits qui disent ach dans