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Théophile. Non pas plus figurément, mais moins immédiatement, parce que les autres attributs font connaître leur grandeur palle rapport à ceux où entre la considération des parties.

§ 2. Philalèthe. Je pensais qu’il était établi que l’esprit regarde le fini et l’infini comme des modifications de l’expansion et de la durée.

Théophile. Je ne trouve pas qu’on ait établi cela, la considération du fini et infini a lieu partout où il y a de la grandeur et de la multitude. Et l’infini véritable n’est pas une modification, c’est l’absolu ; au contraire, dès qu’on modifie, on se borne, on forme un fini.

§ 3. Philalèthe. Nous avons cru que la puissance qu’a l’esprit d’étendre sans fin son idée de l’espace par des nouvelles additions étant toujours la même, c’est de là qu’il tire l’idée d’un espace infini.

Théophile. Il est bon d’ajouter que c’est parce qu’on voit que la même raison subsiste toujours. Prenons une ligne droite et prolongeons-la, en sorte qu’elle soit double de la première. Il est claü que la seconde, étant parfaitement semblable à la première, peut êtrc doublée de même, pour avoir la troisième qui est encore semblablc aux précédentes ; et la même raison ayant toujours lieu, il n’est jamais possible qu’on soit arrêté ; ainsi la ligne peut être prolongée a l’infini. De sorte que la considération de l’infini vient de celle de la similitude ou de la même raison, et son origine est la même avec ce ! lc des vérités universelles et nécessaires. Cela fait voir comment ce qui donne de l’accomplissement à la conception de cette idée se trouve ci nous-mêmes, et ne saurait venir des expériences des sens, tout comme les vérités nécessaires ne sauraient être prouvées par l’induction ni par les sens. L’idée de l’absolu est en nous intérieurement comme celle de l’être : ces absolus ne sont autre chose que les attributs de Dieu, et on peut dire qu’ils ne sont pas moins la source des idées que Dieu est lui-même le principe des êtres. L’idée de l’absolu par rapport à l’espace n’est autre que celle de l’immensité de Dieu, et ainsi des autres. Mais on se trompe en voulant s’imaginer un espace absolu qui soit un tout infini composé de parties, il n’y a rien de tel, c’est une notion qui implique contradiction, et ces touts infinis, et leurs opposés infiniment petits, ne sont de mise que dans le calcul des géomètres, tout comme les racines imaginaires de l’algèbre.

§ 6. Philalèthe. On conçoit encore une grandeur sans y entendre des parties hors de parties. Si à la plus parfaite idée que j’ai du blanc le plus éclatant, j’en ajoute une