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NOTICE SUR LEIBNIZ


l’élection du roi de Pologne et les moyens d’assurer la sécurité intérieure et extérieure de l’Allemagne.

Il ne négligeait pas pour cela ses travaux scientifiques. En 1667, il dédiait à son protecteur Boinebourg un ouvrage juridique : Methodus nova discendœque jurisprudentiee cum subjuncto catalogo desideratorum in jurisprudentia, où il tente d’introduire l’ordre et la clarté dans un domaine qui, jusqu’ici, les ignorait. L’année suivante, parut une Confessio naturœ contra atheistas, où Leibniz montre que si l’atomisme suffit à la nature, il ne se suffit pas à lui-même et revendique l’existence d’un dieu qui détermine le choix, entre une infinité d’autres possibles, des figures des atomes et des mouvements qui les animent. Dans sa Lettre à Thomassius de 1669, il abandonne l’atomisme gassendiste pour le cinématisme de Descartes et tente une conciliation entre la physique d’Aristote et celle des modernes, dont celui-ci fait tous les frais, en réduisant les causes secondes du stagyrite, la matière, la forme et le changement à la grandeur, la figure et le mouvement des cartésiens. Dans une préface intitulée : Dissertatio de stylo philosophico Nizolii (1670), il concilie le nominalisme avec la légitimité de la démonstration syllogistique, en considérant les universaux non comme de simples collections de faits singuliers, mais comme des possibilités indéfinies dans la ressemblance. Enfin, en 1670, il dédia une Theoria motus concret ! à la Société royale de Londres, et une Theoria motus abstracti à l’Académie des sciences de Paris, où, développant une phoronomie rationnelle qui ignore la notion de masse, il en concilie les lois abstraites avec celles dérivées de l’expérience, en introduisant dans la physique la notion d’infiniment petit, sous la forme d’un agent universel, l’éther, qui rend compte de l’élasticité des corps.

Bientôt et à l’instigation du baron de Boinebourg, Leibniz se préoccupa du problème de la transsubstantiation, jugée inconciliable avec la doctrine cartésienne qui fait consister l’essence des corps dans l’étendue. Dans une lettre à Arnauld de 1674 sur cette question, Leibniz ouvre la série d’arguments qui lui feront rejeter cette doctrine.


C’est alors que vient la période des voyages de 1672 à 1677. Une mission diplomatique, ayant pour but de tourner les armes de Louis XIV contre la Turquie, damier refuge de la barbarie en Europe, en faisant la conquête de l’Egypte, amena Leibniz à Paris. Il échoua complètement auprès du ministre Pomponne ; mais dans les années qu’il passa à Pains, jusqu’en 1676, il connut des philosophes comme Malebranche et Arnauld, des géomètres comme Huygens, à l’école desquels il devint un clés plus grands mathématiciens de tous les temps. Pendant