Canons. — Règles des opérations à effectuer en arithmétique ou des constructions à faire en géométrie (du grec κανών qui signifie règle). On appelait canon, dans les beaux-arts, une figure aux proportions supposées rigoureusement exactes. Dans les sciences les canons s’opposaient aux théorèmes comme la pratique et la règle expérimentale s’oppose à la théorie et à la démonstration rigoureuse. Stuart Mill a retenu le mot dans sa logique et reconnaît quatre canons de l’Induction.
Contingent. — S’oppose à nécessaire et désigne ce qui peut ne pas être ou être autrement qu’il est. Les futurs contingents sont les faits et les événements dont l’existence supposée dans l’avenir n’implique pas contradiction, et qui par conséquent dépendent de la volonté de Dieu ou de la liberté de l’homme.
Demandes. — Leibniz appelle demandes ce que nous nommons postulats. Les postulats, dans la langue d’Euclide, sont des propositions que l’on pose en principes et que l’on demande d’accorder comme évidentes, bien que cette évidence soit d’un caractère moins immédiatement intuitif que celle des véritables axiomes. On connaît le postulatum d’Euclide. On sait aussi qu’en refusant d’accorder cette demande ou en supposant faux ce postulat, on a pu constituer une géométrie non euclidienne. C’est l’opinion, souvent répétée, de Leibniz qu’il faut démontrer les axiomes et les postulats en les ramenant par l’analyse aux vérités qui sont rigoureusement premières, le principe de contradiction et le principe de raison suffisante.
Descartes. — Il est impossible d’indiquer en quelques mots son influence sur la philosophie de Leibniz. Nous renvoyons le lecteur à une bonne histoire de la philosophie. Il pourra consulter l’Histoire de la philosophie cartésienne, de M. Fr. Bouillier.
Éminemment. — S’oppose à formellement dans la langue cartésienne et scolastique. Exister éminemment, c’est exister sous une forme supérieure comme l’effet dans sa cause. Tout ce que nous possédons de perfection formelle ou réelle existe éminemment en Dieu qui, par exemple, possède comme nous l’intelligence et la liberté, mais sous une forme éminente, c’est-à-dire au fond, infinie. Il est, dit Leibniz, l’océan dont nous n’avons reçu que quelques gouttes. Descartes a pris soin de fixer lui-même le sens de ce mot. « Les choses sont dites être formellement dans les objets des idées, quand elles sont en eux telles que nous les concevons ; et elles sont dites y être éminemment, quand elles n’y sont pas à la vérité telles, mais qu’elles sont si grandes, qu’elles peuvent suppléer à ce défaut par leur excellence. » (Rep. aux deuxièmes Object.)
Énonciation. — Traduction littérale du mot grec ἀπόφασις qui, chez Aristote, désigne la proposition ou jugement exprimé.
Entéléchie. — Ce mot est emprunté à la langue d’Aristote. Son étymologie est ἐντελῶς ἔχειν, — être pleinement, être en acte et non pas seulement en puissance ; ou bien encore, comme le dit Leibniz lui-même, ἔχουσι τὁ ἐντελές, ce qui a en soi sa perfection et sa fin. C’est l’ἐνέργεια opposée à la δύναμις, l’entéléchle étant un état, une réalité, l’acte une action, une réalisation. On ne peut donc pas dire, en bonne langue péripatéticienne, une entéléchie, des entéléchies, comme on dit en langage leibnizien une monade. C’est ainsi qu’Aristote définit l’âme, non pas une entéléchie mais « l’entéléchie d’un corps organique ayant la vie en puissance. » On voit que le sens du mot est assez profondément altéré par Leibniz, mais cette altération est consciente, puisqu’il dit : On pourrait donner le nom d’entéléchies à toutes les substances simples. Cf. Trendelenbourg, dans son commentaire sur le Traité de l’âme