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Dieu ne crée donc pas les êtres bons ou mauvais ; ils le sont de toute éternité et il ne fait que les transporter de la région des essences dans le monde des existences. Il se règle sur le principe de la convenance et choisit toujours le meilleur.

Quand Leibniz veut donner une idée du fiat divin, il n’emploie pas les mots habituels de création, d’émanation, de production, mais celui de fulgurations.

Dieu possède éminemment tout ce qu’il y a en nous de réalité positive : l’âme est une force et Dieu possède la puissance (toute-puissance) ; l’âme a des perceptions et des aperceptions et Dieu possède la connaissance (omniscience) ; l’âme est douée d’appétition et de volition et Dieu possède la volonté (liberté absolue et absolue bonté).


TROISIÈME PARTIE

harmonie et optimisme (§48 — §90).


Le monde est essentiellement la liaison ou l’union de tous les êtres créés en un seul tout ; or, ici encore doivent se présenter deux questions, l’une sur la nature de cette union des êtres en un seul monde, l’autre sur sa qualité, en d’autres termes, son caractère moral. Le plan de la Monadologie est donc uniforme ; chacune des trois parties que nous avons signalées se subdivise elle-même en deux parties et l’on pourra, si on le trouve plus commode, reconnaître tout d’abord six divisions : 1o la Substance ou la Force ; 2o les Perceptions et les Aperceptions ; 3o Preuves de l’existence de Dieu ; 4o Détermination de ses Attributs ; 5o l’Harmonie préétablie ; 6o l’Optimisme.

(§49 — § 60). L’action de la monade consiste dans ses perceptions distinctes : elle est tout immanente, nullement transitive. La passion consiste dans ses perceptions confuses. L’influence des monades les unes sur les autres est purement idéale.

Tout se passe cependant dans le monde comme si les monades agissaient effectivement les unes sur les autres, par exemple, comme si l’âme agissait sur le corps et le corps sur l’âme. De cet accord parfait des monades résulte l’harmonie préétablie. Dieu a tout préordonné : chaque monade est représentative de l’univers et par conséquent subordonnée au tout ; mais l’univers à son tour est ordonné de manière à corres-