Page:Leibniz - Discours de métaphysique, éd. Lestienne, 1907.djvu/60

Le texte de cette page n’a pas pu être entièrement corrigé, à cause d’un problème décrit en page de discussion.

corps B tombé de la hauteur E F ; β car le corps (B) estant parvenu en F et y ayant la force de remonter jusqu’à E (par la premiere supposition), a par consequent la force de porter un corps de quatre livres, c’est à 5 dire son propre corps à la hauteur E F d’une toise, et de même le corps (A) estant parvenu en D et y ayant la force de remonter jusqu’à C, a la force de porter 10 un corps d’une livre, c’est à dire son propre corps, à la hauteur C D de quatre toises. Donc, (par la seconde supposition) la force de ces deux corps est egale.

Voyons maintenant si la quantité de mouvement est aussi 15 la même de part et d’autre : mais c’est là, où on sera surpris de trouver une difference grandissime. Car il a esté demonstré par Galilei, que la vistesse acquise par la cheute C D est double de la vistesse acquise par la cheute E F, quoyque la hauteur soit quadruple. Multiplions donc le corps A qui est comme 1 20 par sa vistesse qui est comme 2, le produit α ou la quantité de mouvement sera comme 2, et de l’autre part, multiplions le corps B qui est comme 4 par sa vistesse qui est comme 1, le produit ou la quantité de mouvement sera comme 4 ; donc, la quantité de mouvement du corps (A) au point D est la 25 moitié de la quantité de mouvement du corps (B) au point E, et cependant leurs forces[1] sont egales ; α donc, il y a bien de la difference entre la quantité de mouvement et la force, ce qu’il falloit monstrer.

On voit par là, comment la force doit estre estimée par la[2] 30 quantité de l’effect qu’elle peut produire, par exemple par la

  1. leur force [est la mème].
  2. [grandeur] et quantité de l’effect.