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correspondants font allusion à une lettre de 1686 où Leibniz résumait en quatre pages la plupart des idées du Discours de Metaphysique[1]. C’est donc bien la doctrine de ce Discours, sinon le Discours lui-même que Leibniz songeait en ce moment à donner au public et sa correspondance avec Arnauld devait s’y ajouter en appendice. Un mois plus tard eut lieu la publication dans le « Journal des Sçavans » du « Systeme nouveau de la nature et de la communication des substances, aussi bien que de l’union qu’il y a entre l’âme et le corps », compte-rendu de sa doctrine beaucoup moins complet que le Discours, certainement encore un « ballon d’essai ».

L’auteur y exposait son système suivant l’ordre historique dans lequel il s’était peu à peu développé. C’est, dès lors, sous son aspect métaphysique ou dynamique et non plus, comme dans le Discours, sous son aspect logique que s’y présentait le concept Leibnitien de la substance. Bien plus, alors que le brouillon de cet opuscule signalait au moins en une phrase[2] l’étendue et les conséquences du contenu logique de la notion de substance, cette simple allusion disparaissait du texte publié par le « Journal des Sçavans ».

En raison de cette suppression significative, la doctrine de la « Concomitance », théorème dialectiquement démontré dans le Discours, reprenait dans le « Journal des Sçavans » le rang et le titre d’une hypothèse établie, comme Leibniz le reconnut, « a posteriori » et pour « sauver le phénomène ».

L’auteur fut peu encouragé à sortir de sa réserve par l’accueil très froid, lui rapporta Foucher, que reçut la publication du système nouveau, et par la désillusion non dissimulée de son

  1. Cf. Gerh. I. 382-85. Les lettres assez régulièrement espacées qu’ils échangèrent de 1686 à 1695 ne traitent que de la certitude, de la caractéristique, de mécanique et de physique.
  2. Mais pour mieux entendre la nature de la substance, il faut sçavoir que la notion parfaite de chaque substance, quoyque indivisible, enveloppe l’infini et exprime tousjours tout son passé et tout son avenir, en sorte que Dieu ou celui qui le connoist exactement, y voit tout cela des à présent. » Gerh. IV, 475.