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tiennes[1] sur la grâce et la liberté, le dominicain Fardella, le plus favorisé de ceux qui recueillirent les ouvertures du philosophe, s’enthousiasmait en outre des points de rencontre qu’il découvrait entre la théorie de Leibniz et celle de St-Augustin de anima.

Au terme de ce voyage, en 1690, Leibniz avait repris toute sa confiance, assez de confiance pour adresser de Venise à Arnauld un abrégé de la doctrine essentielle du Discours plus précis et mieux coordonné que le fameux sommaire[2]. Il avait rencontré en Italie d’habiles gens « qui ont trouvé, disait-il, une satisfaction extraordinaire dans quelques uns de mes sentimens : ce qui m’a porté à les coucher par écrit afin qu’on les puisse communiquer plus aisément ; et peut estre en ferai je imprimer un jour quelques exemplaires sans mon nom, pour en faire part à des amis seulement, à fin d’avoir leur jugement. » C’est la dernière en date de ses lettres à Arnauld. Il attendit longtemps une réponse qui ne vint pas, et ce silence significatif déconcerta certainement ses timides projets de publication. Ceux-ci ne lui en restaient pas moins à cœur.

Le 16 avril 1695, Leibniz écrivait à Foucher que « sa santé n’était pas des mieux affermies » ; « c’est ce qui me fait penser, ajoutait-il, à publier quelques pensées, et, entre autres, mon systeme sur la communication des substances et l’union de l’âme avec le corps, dont je vous ay mandé quelque chose austres fois… On pourra adjouter peut estre ce que Monsieur Arnaud avait objecté et ce que je lui ay repondu. » Le chanoine dijonnais répond le 28 du même mois : « Les ouvrages posthumes ne valent pas grand chose (!), et j’ay une joye extreme de ce que vous me temoignez que vous allez donner votre systeme de la concomitence… Vous m’en avez donné quelque chose il y a environ dix ans, mais la matiere demande de l’eclaircissement et j’en attends avec plaisir, pourvu que vous ne tardiez pas à tenir vostre promesse. » Les deux

  1. Cf. « Discours », articles 8, 13, 30, 31. Ces opinions sont la conséquence immédiate de la doctrine fondamentale de la substance à laquelle il initiait Fardella.
  2. Gerb. II. 135-136.