Page:Leibniz - Discours de métaphysique, éd. Lestienne, 1907.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
« HORTUS CONCLUSUS »

Dans sa lettre du 1/11 Février 1686 au Landgrave Ernest de Hesse-Rheinfels, Leibniz écrit qu’il n’a pas encore pu « faire mettre au net » le texte du Discours de métaphysique. Arnauld, au jugement duquel il veut soumettre son travail, ne recevra donc copie que du sommaire des articles. C’est probablement en vue de cet envoi que le sommaire fut écrit par Leibniz sur les marges déjà fort encombrées de notes du manuscrit autographe. Il ne le fit pas reproduire par son secrétaire dans les copies que nous connaissons. Le brouillon portait dès ce moment la trace d’un travail considérable et de révisions, qui ne purent vraisemblablement pas s’accomplir dans les limites du mois de janvier. La composition du Discours remonte donc au moins à la fin de l’année 1685. La date ne peut en être fort antérieure, s’il faut tenir compte d’une indication de la lettre déjà citée : « J’ai fait dernièrement un petit discours de Métaphysique », et surtout de l’empressement que met l’auteur à en expédier à Arnauld le résumé.

Le philosophe était satisfait de son œuvre. Il y assemblait, en effet, d’une manière fort heureuse, et, pour la première fois, presque complète les maîtresses pièces de son système. Une illumination intérieure, probablement récente, lui avait fait reconnaître pour un fruit très mûr et prêt à se détacher de son admirable, doctrine de Veritate l’étonnante application[1] qu’il pouvait en faire à sa propre conception de la substance, une interprétation,

  1. « M. Arnauld luy-même, écrit-il, en fut étonné ». Nos notes feront voir jusqu’à quel point elle s’annonçait dans les écrits d’époques antérieures. Les Primae Veritates et les Generales inquisitiones de analysi notionum et veritatum, écrits contemporains du Discours, témoignent que cette partie de sa doctrine faisait pourtant, aux environs de 1686, l’objet principal de ses réflexions.